L'évolution par le fric...

Dans le monde du cyclisme, les entraînements spécifiques sous forme de fractionnés existent depuis plus de 70 ans. Ces méthodes d'entraînement, basées sur des intervalles d'effort intense suivis de périodes de récupération, ont été adoptées depuis des décennies pour améliorer la performance des cyclistes. Aucun scientifique n'a véritablement révolutionné le paysage de l'entraînement cycliste. Les avancées notables dans ce domaine proviennent principalement des produits dopants, qui ont contribué malheureusement à de meilleure performance sportive notable.

L'Intégration des financiers et la pression des résultats

L'évolution vers des entraînements plus intensifs, en particulier pendant les périodes hivernales, est principalement due à l'intégration croissante des financiers dans le monde du cyclisme. Avec des investissements financiers croissants, la pression pour obtenir des résultats s'est intensifiée, poussant les équipes et les cyclistes à adopter des méthodes d'entraînement plus rigoureuses et suivies dès le début de saison. 

J'ai lu récemment dans un article du Figaro que, depuis l'arrivée d'entraineur scientifique au début des années 2000, les méthodes ont évolué... Je ne suis pas vraiment d'accord. Le cyclisme a changé et s'est simplement adapté à son évolution. En fait, les scientifiques sont arrivés au moment ou le cyclisme se cherchait après l’affaire Festina. À cette époque, on dénigrait systématiquement les anciens cyclistes à la tête des entraînements, et il fallait trouver d'autres personnes. Qui de mieux que des personnes diplômées dans l'entraînement sans avoir été un grand coureur, donc pas d'histoire, pour prendre le relais ? 

Je comprends qu'il trouvait ennuyeux de rester dans la voiture à regarder les cyclistes pédaler pendant des heures. Cependant, lorsque j'ai débuté ma carrière chez les pros, il n'y avait pas beaucoup de courses au calendrier. Nous commencions avec la Marseillaise, en jambières et presque en veste thermique. Il n'y avait pas la pression du résultat, on faisait du foncier l'hiver. D'ailleurs, gagner le GP de la Marseillaise n'était pas considéré comme un bon présage dans le peloton, pour vous dire. Le rythme se construisait progressivement au fil des compétitions, en travaillant sur les intensités au fil de la saison. Il n’y avait pas de burn out dans le vélo à ma génération… On n'était pas pressé comme des citrons.

L'intégration des entraînements spécifiques l'hiver, je précise, est simplement une question de timing, de la venue croissante d'investisseur financier.

L'introduction des capteurs de puissance

L'une des innovations majeures introduites dans l'entraînement cycliste à cette période est l'utilisation des capteurs de puissance. Ces dispositifs mesurent la puissance en watts générée par le cycliste, offrant ainsi un outil précis pour évaluer et ajuster les performances. Cependant, ces capteurs sont souvent des joujoux pour les entraîneurs, qui peuvent se fier davantage aux données numériques qu'aux sensations physiques des athlètes. Les watts fournissent une mesure rassurante pour eux, permettant d'affiner leur perception sur la constatation plus que sur l'anticipation avec une valeur chiffrée à la clé. C'est une vision différente, propre à chacun.

En somme, les méthodes d'entraînement en cyclisme, en particulier les entraînements fractionnés, sont restées relativement constantes depuis des décennies. Les véritables innovations sont venues du domaine médical et de l'introduction de nouvelles technologies comme les capteurs de puissance. L'évolution récente vers des entraînements plus surveillés est en grande partie due à la pression accrue des financiers et à la quête incessante de résultats optimaux.

Niels

Fondateur de l'application d'entraînement Sorius

Disponible sur App Store et Google Play